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« Mourir peut attendre » Tribune de Frédérique Cassereau
« Mourir peut attendre »
Convoquer James Bond, il faut au moins cela pour relever le nouveau défi que nous annoncent depuisquelques temps économistes, scientifiques, cabinets de conseil, relayés par les médias à grands coup de Unes façon Libération , sur la mort du métier d’avocat.
Ainsi, un podcast sur Radio France professe avec une certitude schumpétérienne que « ce sont tous les emplois intellectuels qui sont
menacés : tous les métiers du droit, avocats, notaires, juristes, consultants ».
Un peu plus nuancé, de nombreux articles s’interrogent : l’IA dans le secteur juridique est-elle une menace ou une opportunité ?
Une menace : un monde judiciaire déshumanisé dans lequel les avocats ne seraient plus qu’un vecteur de transmission de données à des machines.
Une opportunité : la digitalisation des tâches à faible valeur ajoutée rendra ses lettres de noblesse à notre profession et nous ne serons plus que stratégie, éloquence et engagement.
On notera que les juges ne sont pas épargnés par ces funestes présages : la fonction de juger pourrait disparaître. Ainsi, la justice serait rendue par Cujas, un système expert qui a remplacé les hommes, car perçue comme trop subjective.
Cette justice sans hommes a d’ores et déjà été décrite dans une dystopie Lex Humanoïde : des robots et des juges, et ne nous semble plus totalement inconcevable… (M.-P. Mazeau-Janotet, Lex Humanoïde : des robots et des juges, Thot Eds, 2017).
Gazette du Palais – 20 juin 2023